Le tout premier marathon français
- Le Coureur Ordinaire
- 1 août 2018
- 4 min de lecture
Le 19 Juillet 1896 a eu lieu le tout premier marathon français, l'ancêtre du marathon de Paris. 191 partants (pour 282 engagés), seulement 88 arrivants. Organisé par Le Petit Journal , c'est le britannique Len Hurst qui remportera l'épreuve en 2h31min30s et qui remportera la prime de ... 200 francs ! Laissez-moi vous racontez cette très vieille histoire au travers de la plus ancienne pièce de ma collection : le supplément illustré du "petit journal" daté du 2 Aout 1896 soit 122 ans jour pour jour !

Chronologiquement, ce marathon n'est pas le premier de l'Histoire de la course à pied. En effet, il est devancé de quelques mois par le marathon des jeux olympiques d'Athènes qui eu lieu le 10 Avril 1896 et qui avait vu la victoire du berger Grec Spyrídon Loúis (dont je reparlerai très bientôt) en 2h58min50s . Mais il devance tout de même de 80 ans la toute première édition du mythique Marathon de Paris dont la première édition date de 1976. Vous avez dit "précurseur" ? Un peu oui ...
Alors, comment ce courait un marathon en 1896 ? Excellente question dont voici quelques éléments de réponse grâce au déroulé de la course.

Commençons par le commencement : le départ eu lieu à Paris à Porte Maillot pour une arrivée à Conflans Saint Honorine soit 40km à parcourir, la distance actuelle de 42,195km n'étant pas encore normée. A l'époque nous sommes loin des 40 000 partants de l'édition 2015 car se sont ici seulement 191 coureurs qui prendront le départ, sur 282 engagés, et seuls 88 verront la ligne d'arrivée. Le départ est donné à 6h10 par Pierre Giffart (photo 1), homme de lettres et grand reporter, précurseur du journalisme moderne et pionnier de la presse sportive; et accessoirement à l'initiative de ce premier marathon français. L'objectif des coureurs est simple : franchir la ligne d'arrivée et battre le seul et unique record sur marathon de Spyrídon Loúis en 2h55min50s. Difficile en regardant les accoutrements des coureurs de se dire que ces hommes s'apprêtent à prendre le départ d'un marathon : à proximité de la ligne de départ, sautillent "quelques originaux avec des oripeaux criards, des ceintures de grelots sur les reins, d'autres se sont armés de cannes, certains ont pris le parti de courir sans chaussures" ! Mais notre Pierre Giffard sait s'y prendre pour attirer des têtes d'affiches et apporter de l'attractivité à sa course : le vainqueur se verra remporter une prime de 200 francs et il y aura même une médaille commémorative pour tous les coureurs arrivant en moins de 4h...

Le départ est donné donc à 6h10 et c'est le Français Mathlin qui prend la tête de la course imposant un rythme infernal qu'aucun autre coureur n'arrivera à suivre. Il tiendra ainsi jusqu'à Versailles au 17ème kilomètre qu'il atteindra en 1h00min37s (17,03 km/h soit 3'31/km). Légèrement en retrait, environ 200m derrière, Léonard Hurst, dit Len Hurst (voir photo), contrôle son allure, il précède le Français Meige. Devant, Mathlin explose, il est parti bien trop vite et s'écroule, Len Hurst prend donc le commandement de la course et il ne le lâchera plus. Il passe à Saint Germain au 29ème kilomètre en 1h49min05s (16,23 km/h soit 3'41/km). Là, il boira à toute allure une orange pressée avant de prendre en ultime ravitaillement à la Croix de Noailles ... une coupe de champagne (si, si !) et ils ne prendra rien d'autre avant la ligne d'arrivée qu'il coupera devant près de 2000 spectateurs en 2h31min30s battant de 27min20s le précédent record de Spyrídon Loúis ! Il fera ensuite un léger malaise dans les bras de son entraineur avant de reprendre ses esprits et d'aller récupérer les 200 francs de primes promis au vainqueur de la course.

Parmi les autres arrivants on peut noter l'arrivée du Français Victor Bagré en 2ème position à tout de même 6 min du vainqueur, Albert Chauvelot arrivera troisième handicapé
par des problèmes respiratoires et des ampoules. Joe Hurst, petit frère du vainqueur, finira 6ème. Mathlin, celui qui avait pris la tête lors des 17 premiers kilomètres finira exténué à une honorable 16ème place. Le 88ème et dernier de cet épreuve s'appelle Denis Terrier.
A savoir également que lors des jeux olympiques d'Athènes un concurrent, en l'occurence un adolescent Grec du nom de Spyrídon Belókas, avait été disqualifié pour ne pas avoir couvert toute la distance, ayant effectué une partie de l'épreuve à l'arrière d'une charrette. Pour éviter qu'une pareil mésaventure arrive lors de ce marathon de Paris, Pierre Giffard eut une idée : à Versailles (km 17) et Saint Germain (km 29) les coureurs devront recevoir un coup de tampon dans la paume de la main et leurs temps seront relevés. A l'arrivée ils devront présenter les 2 tampons avant que leurs temps ne soient vérifiés par les officiels de la course pour vérifier leur cohérence. Et oui la triche dans le monde du sport ne date pas d'hier ...
Ainsi commença la longue histoire du marathon en France ...
Classement et temps des 12 premiers arrivants :
2:31:32 Len Hurst (GBR)
2:37:30 Victor Bagré (FRA)
2:41:15 Albert Chauvelot (FRA)
2:47:30 Léon Janvier (FRA)
2:50:00 Philippe Perrot (FRA)
2:53:00 Joe Hurst (GBR)
2:53:30 Raymond Berthier (FRA)
2:54:35 Robert Cheminel (FRA)
2:54:38 Georges Fleury (FRA)
2:56:00 Lucien Delattre (FRA)
2:57:00 Louis Ortègue (FRA)
3:10:00 Bussières (FRA)
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